"La gestion de bankroll n’est pas forcément l’aspect le plus sexy du poker mais c’est pourtant un indispensable pour tout joueur de Spin"

Chapitre 8 : La gestion de bankroll

Avant de gravir les limites en Spin & Go, encore faut-il savoir marcher sans tomber.

Écrit par Gandalf, joueur pro en Expresso, co-fondateur de Poker Sciences.

Maintenant que vous êtes convaincu qu’il est possible de gagner en Spin & Go, il est temps d’aborder les bases essentielles du grind. Et pour bien commencer, parlons de la gestion de bankroll. 

Vous en avez sûrement déjà entendu parler, que ce soit en MTT, en Cash-game ou en Spin & Go. Peut-être que ce sujet vous semble secondaire ou ne suscite pas un grand intérêt. Pourtant, la gestion de bankroll est fondamentale pour tout joueur de poker.

Banqueroute ou gain ? Tout se joue sur votre gestion de bankroll

Nous l’avons vu précédemment, même les meilleurs joueurs subissent des périodes de pertes importantes, parfois 20, 40, 60, voire plus de 80 buy-ins d’affilée.

Une bonne gestion de bankroll vous permet de :

  • Jouer sereinement sans risquer de tout perdre.
  • Progresser et monter de limites sans mettre en péril votre bankroll.
  • Éviter de devoir réinjecter constamment de l’argent dans votre compte.

🪜   Votre objectif est d’accumuler du capital et de gravir les échelons. Vous débutez peut-être en 1 €, puis montez en 2 €, et ainsi de suite. Mais si vous prenez des risques inconsidérés et ne maîtrisez pas votre bankroll, vous risquez de tout perdre et de devoir recommencer depuis le bas de l’échelle.

Combien de buy-ins est-il possible de perdre selon notre niveau ?

Prenons un exemple concret : vous êtes un joueur de Spin & Go classique (500 jetons au départ) en 2 €, avec un niveau moyen (meilleur que la moyenne, mais sans écraser la limite). Disons que votre CEV est de 59.

Grâce au logiciel Swongsim (vous commencez à avoir l’habitude...), nous pouvons estimer les pertes potentielles avec une bankroll de départ de 500 €.

Avant tout, définissons deux termes : point le plus bas et downswing

Comme une image vaut mille mots, voici un schéma qui va vous expliquer ces deux concepts simplement :

Lower point vs Downswing explanation

Point le plus bas (lower point) :

C’est le niveau le plus bas atteint par la bankroll pendant une période. Sur le graphique, c’est le moment où la bankroll est tombée à 400€.

Downswing :

C’est la différence entre le point le plus haut et le point le plus bas de la bankroll durant une période donnée. Sur l’image, la bankroll est passée de 1000€ à 400€, donc un downswing de 600€.

Résultat des simulations pour le point le plus bas

Voici le résultat des simulations :

Swongsim results 2000 games, 59 CEV, lower point
Résultat des simulations sur Swongsim pour un joueur ayant un CEV théorique de 59 jouant 2000 parties de Spin.

On peut faire les constats suivants :

  • Avec un CEV de 59, on a 50 % de chances d’atteindre un point bas de -14 buy-ins (soit 472 €).
  • 20 % de chances de tomber à -29 buy-ins (442 €).
  • Dans le pire des cas, la bankroll peut descendre jusqu’à 338 € (-81 buy-ins)

Résultat des simulations pour le downswing

Avec Swongsim, on peut aussi analyser le plus grand downswing potentiel. Toujours sur 2000 parties :

Swongsim results 2000 games, 59 CEV, downswing

Constats :

  • Un joueur moyen en 2 € a 50 % de chances d’avoir un downswing de 50 buy-ins sur 2000 parties.
  • Il a 30 % de chances d’avoir un downswing de 60 buy-ins ou plus.

Une montée de bankroll suivie d’une descente de 60 buy-ins (ex : 500€ → 650€ → 530 €) est donc totalement normale !

Conclusion : quelle bankroll pour quelle sécurité ?

Les simulations montrent qu’un joueur moyen de 2 € devrait disposer d’au moins 85 buy-ins pour éviter d’être en danger (pour éviter d’avoir un point le plus bas à 0€...).

Par sécurité, une bankroll de départ de 100 buy-ins minimum seraient donc une bonne base.

Le niveau de jeu influe également sur les recommandations. Au plus vous êtes faibles aux tables, aux plus vous aurez besoin d’une bankroll profonde. Voici ce que nous vous recommandons :

  • Débutant (CEV 45) : 200 buy-ins recommandés.
  • Joueur moyen (CEV 59) : 100 buy-ins minimum, 150 pour être serein.
  • Joueur confirmé (CEV 70+) : 70 buy-ins peuvent suffire.

⚠️ Attention, toutes ces recommandations concernent les joueurs de Spin classique, c'est à dire les parties où tous les joueurs commencent avec 500 jetons. Pour les Spin Nitro, vous aurez besoin d'une bankroll 2x fois supérieure, car la variance est beaucoup plus importante.

📊   Notez qu’on "bon" CEV dépend fortement de la limite à laquelle vous jouez. Plus la limite est élevée, plus il est difficile d’avoir un CEV haut. Un joueur qui a 40 de CEV en 20€ sera probablement meilleur qu’un joueur qui aura 60 de CEV en 2€.
Au chapitre précédent nous avions vu qu’un volume de jeu important était nécessaire pour battre la variance. Nous venons de voir ici qu’une bankroll de départ d’au moins 100 buy-ins est tout aussi nécessaire.

Que faire si ma bankroll se rapproche de 0 ?

Imaginons que suivant nos conseils, vous débutiez les Spins avec une bankroll de départ de 100 buy-ins.

Mais pas de chance, vous commencez par un gros downswing et votre bankroll ne fait déjà plus que 30 buy-ins...

Que faire dans cette situation ? Il y a trois options :

1. Serrer les fesses... Mathématiquement, d’après les simulations vous n’êtes pas censé arriver à 0. Cependant, vous avez peut-être surestimé votre niveau de jeu (c’est-à-dire votre CEV) et donc les simulations pourraient ne pas correspondre à votre niveau de jeu réel.

Choisissez l’option 1 uniquement si vous sentez que vous pouvez continuer à jouer sereinement. Si ce n’est pas le cas, préférez l’option 2 ci-dessous.

2. Descendre de limite. C’est probablement l’option la plus sage. Celle que nous recommandons si vous sentez que vous n’êtes plus assez serein par rapport au niveau de votre bankroll. Descendez de limite, redonnez un peu de consistance à votre bankroll et reprenez confiance. Remontez à la limite supérieure quand vous vous sentez de nouveau prêt à affronter la variance.

🤷‍♂️   Il n’y a aucune honte à descendre de limite si vous ne vous sentez plus serein par rapport au niveau de votre bankroll. Je l’ai moi-même parfois fait dans les débuts de mon parcours de grind en Spin.

3. Réinjecter de l’argent dans votre bankroll. Certainement la moins bonne option. Elle a notamment le même défaut que la première : vous pensez que le downswing n’est dû qu’à la malchance et qu’il va donc s’arrêter mais en fait vous jouez simplement moins bien que vous ne le pensez. Vous allez injecter régulièrement de l’argent dans votre bankroll et donc le poker va devenir une source de perte et non de revenus pour vous. De toute manière, le but de la gestion de bankroll est justement d’éviter d’avoir à réinjecter de l’argent dedans !

Bonus : les périodes de breakeven

Vous voulez encore des simulations ? Avec Swongsim, on peut aussi simuler les périodes de breakeven, c’est-à-dire les périodes durant lesquelles vous ne perdez ni ne gagnez d’argent. Et spoiler, ces périodes peuvent être longues...

Par exemple sur ce graphique, le joueur a eu une période de breakeven de 1700 parties :

breakeven graph explanation (bankroll management in poker spins)

Voyons à présent ce que donnent les simulations pour voir à quel point ces périodes peuvent être fréquentes (en reprenant l'exemple de notre joueur de 2€ avec 59 de CEV) :

Swongsim results 2000 games, 59 CEV, breakeven

On peut voir que sur 2000 parties :

  • vous avez 50 % de chances d’avoir une période de 700 parties sans générer de profits.
  • 100 % de chances d’avoir une période de 250 parties sans gagner le moindre centime...

Vous pouvez voir que les périodes de breakeven, parfois longues, font partie du parcours d’un joueur gagnant.

Icône représentant un livre ouvert avec un point d’interrogation dessus.

En résumé

La gestion de bankroll est essentielle pour sécuriser votre progression.

Un joueur moyen devrait avoir 100 buy-ins minimum pour démarrer, voire 150 buy-ins pour jouer sereinement.

Les downswings et les périodes de breakeven sont normaux : perdre par exemple 60 buy-ins ou ne pas gagner pendant 700 parties est fréquent.